Après la naissance de son quatrième enfant, notre maman était si fatiguée qu’elle a eu besoin d’aide. L’épilepsie, cette maladie encore si mal connue, était difficile à gérer. Il n’y avait pas encore de médicaments bien au point pour palier aux crises. Son médecin a cherché et en a testé plusieurs avant d’en trouver un qui lui convenait pas trop mal! Il lui a conseillé et même interdit tout autre grossesse! Bien que ce fut une étape difficile pour elle, maman restait confiante et s’en remettait encore et toujours à la bienveillance divine pour arriver à faire face à ses obligations et à ses joies de maman. Elle veillait à ce que ces quatre filles ne manquent de rien. Elles étaient toujours habillées avec soin et maman prenait plaisir à la confection de leurs vêtements malgré la fatigue!
Parmi les soeurs de maman, l’une ou l’autre venait régulièrement pour la décharger et s’occuper des enfants. C’était finalement une chance, non pas que maman soit fatiguée, non, mais que ces tantes viennent à la maison! Un lien s’est tissé entre elles et les filles, une confiance s’est installée en ce temps-là et reste aujourd’hui encore une richesse de souvenirs dans le coeur de mes soeurs. Notre papa trouvait qu’il était vraiment chanceux d’appartenir à cette famille! Il y trouvait du soutien et un soulagement quant à la présence de ses belles-soeurs auprès de maman. Il pouvait travailler plus sereinement et savait que si quelque chose de grave devait arriver à sa femme, il pourrait compter sur cette belle-famille! Il en est resté si reconnaissant!
Ils étaient fiers de leur famille qu’ils croyaient au complet!
Mais comment aller contre les décrets divins??? Durant trois ans, les naissances ont été maîtrisées, puis, sans crier gare, une nouvelle grossesse s’est profilée! Malgré les remarques et conseils du médecins, mes parents ont décidé de garder cet enfant; quelles que puissent en être les conséquences, ils y feraient face! La vie était sacrée et la venue d’un enfant une réjouissance sans pareil! Ils avaient une foi inébranlable! Ce fut un bonheur pur et jamais ma mère n’a eu de crise durant les grossesses ou alors qu’elle s’occupait d’un enfant. Jamais un accident ne s’est produit! Ils servaient la vie, la Vie les servait et les protégeait!
Après la naissance de notre frère, une ou deux jeunes filles au pair se sont succédées sans grand succès! Il n’était pas facile pour une jeune fille de faire face à la réalité d’une grande famille!. Une aide familiale a donc pris le relais pour décharger maman du repassage et de certaines tâches ménagères. Maman appréciait la venue occasionnelle d’Yvonne, la nièce de ses anciens patrons. C’était sa seule amie, elle amenait un peu d’insouciance et de fraicheur et faisait rire les enfants et maman!
La vie était éprouvante pour mes parents, et pourtant ils ne s’en sont jamais plaints! Ils restaient reconnaissants de tout ce qu’ils avaient à vivre: les belles choses, les difficultés, les épreuves, les joies et les peines, de TOUT! Quel merveilleux exemple ils furent!
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Les naissances
Le temps passait, les restrictions d’après-guerre se faisaient toujours sentir. La nourriture était comptée, les moyens financiers limités, il fallait « jongler avec l’argent » pour nouer les deux bouts! Maman choisissait de se priver de fruits ou de laitage, car disait-elle, « il ne fallait pas que les enfants en manquent. » Les naissances se suivaient. La deuxième fille était née en août 1947 et bientôt la troisième se profilait…. pour naître en septembre 1948. Chaque naissance était une réjouissance et une fête! Ni les difficultés de l’époque, ni la fatigue, ni la surcharge de travail ne pouvaient entacher le bonheur de cette famille grandissante. L’aînée a dû grandir vite! A tout juste trois ans, la voilà déjà dans le rôle de la grande soeur à responsabilités! Veiller sur les petites…. accomplir des petites tâches pour seconder cette maman qui avait bien à faire! Entre le jardin, les lessives, la confection de petits habits, le ménage et les 3 enfants, il ne lui restait pas beaucoup de temps et pourtant, elle en trouvait toujours pour nourrir ses « chérubins » de tendresse et d’amour. Elle était organisée, exigeante, stricte et si douce!
Le matin, la maisonnée se levait de très bonne heure, du genre 5 heure 30! Et le soir, les enfants étaient couchés de très bonne heure aussi! Les soirées étaient réservées à la couture, au tricot, au pliage des langes, à la stérilisation des légumes ou à terminer ce qui n’avait pu être fait dans la journée. Le temps passait, au début 1949 le quatrième enfant s’annonçait déjà!
L’appartement devenait exigu pour cette famille grandissante. Il leur faudrait trouver autre chose, plus grand, plus pratique et pas trop cher! La chance leur souriait encore, il trouvèrent un appartement, par l’intermédiaire de l’employeur de mon père, dans un immeuble encore en construction. L’aubaine! un quatre pièces – cuisine et salle de bains! Ils pourraient emménager à l’automne 1949!
Quand, de retour de la maternité de cette quatrième petite fille, en novembre, ils s’installèrent dans leur nouvel appartement, ma mère était épuisée! Chaque jour, elle demandait la miséricorde de Dieu pour pouvoir faire face à ses obligations et ne pas s’écrouler! Grande et forte était sa foi: « Ta miséricorde, Seigneur, seule je n’y arriverai pas » était sa prière!
Cette quatrième naissance fut un tournant dans la santé de notre maman. Elle connu ses premières crises d’épilepsie. Les grossesses répétées, le manque de sommeil, les soucis, la charge de travail à accomplir tout cela comptait dans la balance. Ses courts séjours à la maternité étaient ses seules « vacances » C’était le seul temps où elle pouvait se reposer, dormir et « décompresser ». Elle qui avait eu tellement besoin de savoir, avant de se marier, ce qu’il adviendrait si elle tombait malade, voilà qu’elle était touchée par cette maladie encore mal connue à cette époque. Mon père était inquiet, que pouvait-il faire, lui, pour palier à cela? Rien! Il avait sa part de responsabilité, de travail à accomplir; il fallait qu’il assure un salaire convenable pour nourrir cette famille. Il avait besoin du soutien de son épouse et de sa présence à ses côtés! Ensemble ils s’en remettaient à Dieu, implorant Sa bonté et Sa générosité, demandant la Grâce de pouvoir élever au moins tous ces enfants! Ils trouvaient leur force dans la prière et la foi. Ils faisaient partie de ces gens qui ne doutent pas, qui ont confiance absolue, qui ne baissent pas les bras et ont certitude qu‘il ne leur sera pas demandé, à aucun moment, plus qu’ils ne peuvent assumer et porter! C’est dans cet état d’esprit que nous avons été éduqués. C’est cet exemple que nous avons vu toute notre vie avec eux! C’est cette conviction et cette démonstration de la pratique de la foi que nous avons expérimentées grâce à eux! Ils étaient des Témoins vivants des lois divines! Ils étaient des Pratiquants de chaque instant ! Ils n’ont cessé de louer, de glorifier et de remercier Dieu pour tout ce qui leur advenait. Ils ont fait de leur vie une Louange à Dieu! Ils nous ont montré et ouvert le chemin de La Voie de la Simplicité!
Grand et précieux est l’héritage spirituel qu’ils nous ont laissé! Grande est notre responsabilité pour honorer ce leg! MERCI à vous, parents si bienveillants!