Quelques années difficiles

Après ma naissance, s’écoulèrent quelques années difficiles tant sur le plan de la santé de maman, qu’émotionnellement pour l’ensemble de la famille. Mon père craignait le pire pour sa femme et l’avenir de leurs enfants si elle décédait, les plus grandes devant vivre « sur les freins » pour ne pas surcharger maman, les oncles et tantes peignant le scénario catastrophe et ne sachant plus comment être face à ces enfants. En 1960 maman a reçu l’Extrême Onction; chacun retenait son souffle! La Vie n’avait pas encore dit son dernier mot! Notre maman se remit, elle fit quelques cures de repos, reprit des forces, fit un séjour en clinique spécialisée pour le traitement de l’épilepsie et comble de tout, allait beaucoup plus mal avec les médicaments qu’ils testaient sur elle, qu’avant de partir en clinique! Elle décida donc de quitter ce lieu, d’arrêter ce traitement qui ne lui convenait vraiment pas du tout et prit sur elle la responsabilité de ce qui pourrait advenir d’elle suite à cette décision. Mon père alla donc la rechercher et son médecin trouva un traitement qui permit de stabiliser les crises. Peu à peu la vie reprenait son rythme, la confiance et la foi étaient une fois encore plus fortes que la peur! Durant ces années-là, même si nous n’avons pas eu conscience de tout ce qui se jouait pour nos parents, malgré les séjours de maman en cure, nous avons connu des moments heureux. Nous n’avions peut-être pas l’insouciance des enfants de notre âge, mais nous étions des enfants heureux parce qu’aimés sincèrement! A travers ces épreuves, nos parents on dû vivre au maximum le moment présent sans perdre leur temps! Chaque fois que nous avions l’occasion de partir en forêt ou en famille au bord du Doubs, quand papa conduisait le car postal, c’était une fête pour tous! Le bonheur avait un goût de simplicité et d’authenticité! Papa veillait durant ces journées à épargner toute tâche à maman. Il s’occupait de tout et de tous! Simplement… naturellement!

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La famille

Avec l’arrivée de leur premier bébé, la vie de mes parents, comme celle de tous les parents du monde, prenait un sens nouveau! Débutait leur apprentissage de parents et s’ouvrait une porte : celle de la famille! Leur famille.
Avant leur mariage, mes parents avaient posés les bases nécessaires pour pouvoir s’engager en toute confiance. Ma mère avait eu besoin de savoir et d’entendre si mon père était prêt à la garder même si elle devait, un jour, venir très malade.  Cette question ne se posait même pas pour mon père! Il ne reculerait devant rien! Elle pouvait être tranquillisée. Pour mon père ce qui importait le plus était de pouvoir offrir à leurs enfants un foyer uni et aimant! Ces bases établies, ils s’étaient engagés avec une foi et une confiance absolues. Voici donc que prenait forme cette famille tant souhaitée! Ils se sont investis corps et âme, pour réussir si bellement ce qui était si cher à leurs yeux et à leurs coeurs.Ils ont unis tous leurs efforts à la cohésion de leurs actes!
Les difficultés rencontrées durant la période d’après-guerre, étaient bien différentes à vivre que celles que nous rencontrons aujourd’hui. En ce temps il fallait assurer le minimum vital, aujourd’hui les préoccupations sont différentes. Il faut assurer le superflu! Quel changement!
Chaque famille avait l’obligation de cultiver un lopin de terre pour s’assurer au minimum des pommes-de-terre! Mes parents, comme bien d’ autres, ont dû faire preuve d’ingéniosité parfois pour finir le mois! Mais ils étaient heureux! Jamais les difficultés ne les ont séparés, au contraire! Ils affrontaient toute situation ensemble pour réussir ce à quoi ils s’étaient engagés! Ce bébé était le joyau qu’ils chérissaient! Ma mère avait une fibre particulièrement maternelle et aimante. Elle remerciait encore et encore pour cette famille qui déjà promettait de s’agrandir…. six mois après la naissance de ce premier bébé, un deuxième enfant s’annonçait! Les occupations ne manquaient pas.
Je ne sais plus à quel moment mon père a arrêté le travail aux champs pour se consacrer à la livraison du charbon. Il était toujours employé par la Coop. Cette nouvelle fonction lui permettait de gagner un peu plus d’argent, ce qui était bien venu! Il livrait le charbon dans pratiquement toutes les maisons du village. Il charriait les sacs de 50 kilos du train dans son camion, du camion à la cave ou au galetas des gens. Chaque sac était porté plusieurs fois avant d’arriver à sa juste place! Je ne sais combien de tonnes son dos a porté! Il ne comptait pas les efforts, ni ne se laissait impressionner par le pénible des situations. Il était content et heureux! Il avait du travail et de quoi nourrir sa famille. Il avait TOUT ce dont il avait besoin! Cette attitude et aptitude a pouvoir trouver satisfaction et plaisir a accomplir toute tâche le caractérisait, et cela m’a toujours beaucoup touchée. Il était serviable et particulièrement bienveillant avec les personnes âgées. Il les tenait en grande estime! Sa gentillesse touchait le coeur des gens. Il était un porteur de charbon, noirci de poussière, et pourtant il apportait la lumière dans les coeurs et son visage rayonnait! Il n’a jamais lu de livre, jamais pratiqué la méditation, jamais suivi de séminaire, ne s’est pas soucié de prendre du temps libre pour lui et s’adonner au développement personnel, non, rien de tout cela, et pourtant il avait l’âme pure et le regard limpide, la poignée de main ferme et franche. Il pouvait regarder les gens en face et pénétrer leur regard en toute sérénité. Il était un père  et un mari aimant. Il est vrai qu’il n’avait pas beaucoup de temps à passer avec son enfant et sa femme, mais quand il était là, il était présent!
Ce bébé grandissait, progressait, était la fierté de ses deux parents! Chacun avait trouvé sa place dans cette nouvelle structure. Les mois passaient, la nouvelle grossesse avançait il fallait s’organiser pour cette venue. La grande devait être propre le plus vite possible, c’était en 1947, les langes se lavaient à la main!!!

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