J’aimais entendre le récit du jour de la rencontre de mes parents! C’était le temps des labours; avec le « plan Wahlen » durant la guerre, tout le monde devait cultiver un lopin de terre. Mon père était donc à Courtemelon, à l’école d’agriculture, pour aider aux labours. Ma mère était « en visite » à la maison et dans l’après-midi elle était partie avec sa mère pour apporter un « quatre heure » au jeune homme qui labourait leur champs! Quand elles arrivèrent, elles le virent tout en haut du champs, il menait sa charrue avec aisance et assurance et accomplissait un travail remarquable! Elles restèrent quelques minutes à observer cet homme travailler puis elles ont appelé: « Roby! » persuadées que c’était lui, Roby, qui labourait. Mais en fait c’était son frère…. Gérard! Voyant qu’il ne répondait pas à leur appel, elles se mirent à lui faire de grands signes pour qu’il les voient… et vienne. Quand il les aperçut, il finit ce qu’il était en train de faire avant de les rejoindre, tenant le cheval au licou avec une assurance et une fermeté telles qu’il paraissait presque ne faire qu’un avec l’animal! à tel point que ma mère s’était dit en elle-même: « C’est un homme qui saurait tenir les choses et mener sa vie! Une femme se sentirait forcément en sécurité avec lui ».
Lorsqu’il s’approcha, ma grand-mère vit que ça n’était pas Roby et se trouva confuse de ses familiarités avec lui, alors qu’elle ne l’avait encore jamais vu! Elles bredouillèrent des excuses et firent sa connaissance. Cette jolie jeune femme ne laissa pas ce jeune homme indifférent!
« Il a fallu que mon frère aille labourer ailleurs et c’est moi qui le remplace ici » leur dit-il.
Ce fut leur première rencontre et à partir de là, l’amour n’a cessé de battre dans leur poitrine ! Leurs fiançailles durèrent plusieurs années. Pendant ce temps ma mère était restée en Suisse allemande, à travailler et ne revenant que de temps en temps pour voir son amoureux. Ils s’écrivaient et patientèrent…. Ma grand-mère aimait ce jeune homme et l’avait accueilli en toute simplicité, comme un membre de la famille. Il y était le bienvenu même durant l’absence de ma mère. Avec eux, il riait, il respirait la simplicité de la vie et la chaleur d’une famille unie. Il était comblé et n’en revenait pas d’avoir tant de chance! Il était tout surpris d’avoir été l’élu du coeur de cette jeune femme si douce et si belle!
A chaque fois que mes parents me racontaient leur rencontre, mon père disait : « C’est quand même formidable la vie, dire que j’étais venu remplacer mon frère! Quelle chance! » et ma mère d’ajouter: « Oh! si tu avais vu la manière dont il tenait ce cheval! »
Cette lueur d’amour dans leurs yeux, elle a brillé jusqu’à la fin de leur vie, sans se ternir! Ils furent un bel exemple sur toute la ligne!
La rencontre de mes parents
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