Oncles et tantes

Quelques battements de paupières à peine… et hop ! nous voilà onze ans plus tard… Bientôt onze ans que notre maman nous a quitté, que le temps passe vite ! Nous aurions fêté hier ses nonante-six ans…. Que de richesses avons-nous vécues durant ces onze années passées et pourtant nous pouvons toutes nous demander : « Qu’avons-nous vécu durant tout ce temps ? »
Avant qu’il ne soit trop tard et qu’il ne reste plus personne de la fratrie de maman, nous avons eu le grand plaisir de partager un repas et de passer quelques heures avec quatre oncles et tantes. Quel bonheur de les voir alors qu’ils sont tous proches de la nonantaine ! Quelle émotion que de les écouter se souvenir et nous ouvrir quelques-unes des fenêtres encore closes de leur vie d’enfant. Nous avons appris de nouveaux épisodes de ce que fut leur enfance, leur vie de jeunes adultes, la vie de nos grands-parents… Quelques précisions sur le parcours de notre maman. Riche a été ce moment de partage !
Comme maman, Fa, tu as le sens de l’accueil, la générosité, la simplicité du coeur et toute la délicatesse de l’art de recevoir ! Quel beau moment passé avec ces oncles et tantes ! Dire qu’ils sont nos derniers aïeux et que dans peu de temps, nous serons les anciennes… les détentrices de souvenirs… celles qui auront charge de transmettre les forces reçues, les richesses et les valeurs de coeur. Quelques clignements de paupières à peine… et notre tour sera là… devant nous ! Quelle chance que de pouvoir encore profiter de la présence des oncles et tantes ! Que de pouvoir rire avec eux ! Que de pouvoir les côtoyer autrement que lors de l’enterrement de l’un d’eux !
Les voir réjouis de ces rencontres est inestimable… La douceur, la chaleur de leur sourire, la bonne humeur et le contentement de ce que fut leur vie, alors qu’elle ne fut pas forcément facile, est un témoignage et un encouragement à ne se nourrir que de ce qui est bon à nos coeurs ! Les souffrances, les difficultés traversées tout au long de la vie sont les témoins du bonheur et certainement aussi les « moteurs » c’est en tous les cas ce qu’ils nous ont, tout comme nos parents, transmis ! MERCI !
Riche et fort est l’héritage d’amour que nous avons reçu !

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En attendant Noël

Lorsque nous étions enfants, toute la période de l’Avent avait un goût de magie ! En attendant Noël, comme tous les enfants, nous étions impatients ! Nous avions envie de découvrir les images du calendrier au plus vite, croyant que cela accélèrerait le temps !
Notre maman se transformait en véritable pâtissière du Père Noël ! Durant tout le mois de décembre, elle confectionnait amoureusement une quantité inimaginable de petits biscuits, tous plus beaux et bons les uns que les autres, des truffes au chocolat, des pralinés, des gaufres … La maison embaumait les épices, le chocolat et l’amour ! En attendant Noël, nous aimions mettre la main à la pâte en devenant ses petits aides-cuisiniers-pâtissiers ! Elle n’avait pas de robot ménager, elle préparait toutes ses pâtes à la main et nous pouvions découper les formes, décorer les chocolats, badigeonner les biscuits et les déguster au sortir du four ! Nous vivions à travers ces préparatifs dans un atmosphère féérique ! La maison se transformait peu à peu en antre du Père Noël ! Cela nous faisait rêver ! Ainsi donc l’attente de Noël devenait captivante et amusante ! Aujourd’hui, que je suis grand-mère, je ressens encore toutes ces odeurs de mon enfance… et j’aime les faire découvrir à mes petits-enfants ! Chaque année, en attendant Noël, je me rappelle de ce temps avec joie. J’aime ces souvenirs olfactifs et le voyage dans le temps qu’ils m’offrent ! L’attente de Noël avait un goût particulier ! Il régnait dans la maison une certaine frénésie, je dirais plutôt une excitation latente… une joie palpable… et pour notre maman, il faut le dire aussi, une fatigue supplémentaire ! Elle confectionnait biscuits et pralinés jusqu’à des heures bien avancées pour arriver à stocker suffisamment de douceurs pour les jours de fête et assouvir la gourmandise de tous ses enfants ! Elle ne s’arrêtait pas avant d’avoir terminé ce qu’elle avait prévu ! Elle pensait à tout et à tous ! confectionnait des petits cornets-surprises pour les grands-parents, pour chaque enfant à Saint-Nicolas, pour les oncles et tantes qui venaient en visite. Elle aimait partager ce qu’elle préparait avec amour.
Il y avait aussi la préparation du Réveillon de Noël avec les récitations de poésie… que nous n’aimions pas trop il faut le dire … mais qui réjouissait tellement nos parents et grands-parents ! La décoration du sapin et la préparation de la crèche…  Bref, tous ces rituels faisaient partie de notre éducation et étaient naturels. Et quand enfin Noël arrivait nous pouvions participer à la célébration de la messe de minuit! La fête était simple, nous n’avions pas de cadeaux en quantité, mais nous étions tous considérés et choyés. Que de souvenirs habitent ma mémoire et je les retrouve avec joie et plaisir, chaque année !
Joyeux Noël !

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Souvenirs gourmands

Je me souviens avec bonheur du temps de mon enfance. Du mois de mai avec les cerisiers en fleurs, du temps des cerises, de la préparation des confitures, tartes et autres clafoutis que maman nous enseignait avec amour et qui embaumaient la maison… De la cueillette des fraises au jardin, au goût si fin et parfumé. Des abricots mûrs à point, savoureux et goûteux comme on n’en trouve presque plus aujourd’hui !
Souvenirs gourmands si présents dans ma mémoire ! J’aimais particulièrement la préparation des confitures, retirer la mousse que je mangeais toute chaude en léchant la spatule… j’en ai encore le goût et mes papilles salivent en y repensant ! Je me sentais transportée dans un monde de rêves, monde de conte de fées ! Tout me paraissait magique ! L’alchimie des fruits, l’organisation dans la cuisine, l’ambiance générale, tout ! Et maman était comme une fée, affairée à tant de choses en même temps !
Souvenirs gourmands ! A mon coeur vous chuchotez : « Bienheureux le temps où tu as profité de tant de délices, tartes, douceurs et pâtisseries ! » Aujourd’hui pas de regrets de ne plus pouvoir m’en régaler ! Pas de tourments, pas de tracas, pas de révoltes. Non, aujourd’hui, je me souviens avec bonheur des odeurs, des couleurs, de l’amour et du temps passé à toutes ces préparations. Aujourd’hui, j’aime poursuivre cela avec mes petits-enfants !
Souvenirs gourmands… Que vous êtes bons et bienvenus !

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Le temps passe

Le temps passe ! Cela fait déjà dix ans que tu nous as quittés maman et cette année, plus que toutes les autres, ta présence nous manque à toutes ! Le temps passe vite, la vie continue certes, belle et riche et nous rappelle chaque jour combien grande a été notre chance d’être choyées par toi. Combien grande a été notre chance de recevoir tant de douceur, de tendresse, de présence rassurante et de vérité de toi, comme de papa ! cette année, le jour de ton anniversaire, tu nous as manqué plus que de raison… nous aurions eu besoin de te parler, d’entendre le son de ta voix et de voir la douceur de ton sourire illuminer tes yeux si bleus et si purs… Nous avons toutes eu ce sentiment… et toutes aussi nous avons reçu, dans la profondeur de nos coeurs, la douceur de ton souvenir et la chaleur de ton sourire.
Le temps passe et pourtant chaque jour, des signes nous rappellent tout ce que nous avons eu la chance d’engranger de ton amour. Chaque jour nous en récoltons des fruits, quel que soit le nombre d’années écoulées… Ces moissons quotidiennes sont autant d’instants inscrits, gravés en lettre d’or dans le Grand Livre de la Vie, tout au fond de nos coeurs. Alors maman, bien que le temps passe, nous te disons un tout grand MERCI !
Puisse ton souvenir aimant nous accompagner au fil du temps qui passe…

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Pèlerinage

Hier était la journée du Pèlerinage à Einsiedeln, là où nos parents se rendaient chaque année depuis leur mariage pour louer et remercier Dieu des Bienfaits accordés durant l’année. Nous y sommes donc allées, les 5 filles restantes et Aurélie Aebi nous y a accompagnées. Ce fut une journée magnifique, émotionnante, riche, porteuse de bienfaits pour nous toutes. Nous retrouver ensemble, parmi tous ces Pèlerins, portées par cette Force d’Amour, fut magnifique! Se joindre à tous ces gens en prière, pour une même cause, dans un même élan est vraiment quelque chose de fort et qui ne laisse pas indifférent! C’est la première fois que nous y étions au complet!
Papa s’y rendait chaque année même après la mort de maman. Il y allait accompagné de deux, trois ou quatre de ses enfants. Il y tenait à ce Pèlerinage… il avait un sens profond pour lui, comme il en avait eu un pour maman. Nous avons souhaité nous y rendre cette année pour louer et remercier Dieu, comme nos parents l’avaient fait avant nous, pour tout ce que nous moissonnons aujourd’hui, nous, leurs enfants et petit-enfants, des graines d’Amour, de Foi véritable et stable, de confiance absolue en la Vie et de simplicité qu’ils ont semées durant leur vie, pour nous. Et la moisson est belle et généreuse!
Des Grâces, ils en ont reçues tout au long de leur vie et ils ont su les voir, les utiliser et en être reconnaissants. Comment pourrions-nous ne pas honorer aussi simplement que ce qu’ils nous ont transmis, ces richesses, ces bienfaits et eux, nos parents, pour avoir été si bienveillants envers nous tous ?
Il se pourrait que le Pèlerinage, si cher à nos parents, devienne, pour nous aussi, une tradition et une occasion de « restaurer » les grains que nous semons pour nos enfants et petits-enfants, priant pour que leur récolte soit aussi fructueuse que la nôtre!
Belle journée passées en toute simplicité ensemble, réunies, unies dans un Amour Pur et palpable. Quelles Grâces reçues. Louange à Dieu!

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Les dernières naissances

Dans les années cinquante, la vie avait encore tous ses droits, et pour mes parents ils ne se discutaient pas. La Vie était à respecter, à honorer, à accueillir! Ils avaient des valeurs morales et ne remettaient pas en question les surprises, aussi déstabilisantes soient-elle, qu’elle leur réservait. Ainsi donc quand une nouvelle grossesse s’annonça en 1955 en dépit de tout ce qui leur fut dit, ni ma mère ni mon père n’entra en question sur l’éventualité d’un avortement. Ils trouveraient l’un comme l’autre des ressources et feraient face à la venue de ce nouvel enfant! Ils avaient la foi et rien ne pouvait l’ébranler! Maman savait par expérience que « demande et tu recevras » était fondé et accordé quand la demande était sincère!  « Ta Miséricorde Seigneur, seule je n’y arriverai pas » était toujours sa prière!
Ils se réjouirent de cette venue, comme pour tous les autres! Elle était fatiguée, certes, mais ce temps de grossesse lui laissait du répit et la mettait à l’abri des crises d’épilepsie. C’était déjà un grand soulagement! En octobre, naissait leur sixième enfant, une petite fille! Quand ma mère parlait de la naissance de ses enfants, c’était toujours avec un amour débordant qu’elle le faisait. Elle disait d’abord sa joie avant de dire sa fatigue et son épuisement. Elle offrait à chaque bébé le meilleur d’elle-même, comme si c’était le premier qu’elle mettait au monde! Elle disait que s’occuper d’un nourrisson lui donnait de la force. Elle arrivait à oublier tous ses tracas dans ces moments-là. Elle était juste disponible à ce qu’elle accomplissait…. et il y avait cinq autres enfants!
C’est après cette naissance que ma mère a eu la chance de voir venir une aide familiale en or: Mademoiselle Barth! Jeune femme de confiance, dynamique, aimante, joyeuse, aimant les enfants, elle fut un réel soutien pour notre famille et entre elle et nous tous se tissa des liens particuliers.
Le temps passait, chacun grandissait à son rythme, et voilà…..pas le temps de dire ouf, que la vie à nouveau sonnait à la porte! Je m’annonçais pour le début 1957! Bouleversement! Tout recommençait…. les avertissements du médecin quant aux dangers pour la santé de ma mère, la gravité de son état d’épuisement… il était vraiment beaucoup trop risqué de garder cet enfant! Le médecin avait dit à ma mère: « Croyez-vous que c’est votre bon dieu qui va s’occuper de vos gamins quand vous serez morte? »
Oui, ma mère avait la certitude au fond de son coeur, que « son Bon Dieu » comme disait le docteur, Il veillerait sur la vie qu’Il lui confiait! Si un enfant devait encore faire son entrée dans cette famille, alors oui, elle était convaincue qu’elle trouverait la force, elle avait la foi que « Dieu ne demande jamais plus à une âme que ce qu’elle peut assumer! » C’est sur cette certitude intérieure que ma mère s’est appuyée pour mener à bien sa grossesse et m’accueillir! Quelle force! Je suis toujours profondément touchée quand je pense à la sincérité d’amour et de foi avec laquelle nous avons été accueillis, tous les sept!
Quelques mois seulement après ma naissance, sa santé s’est fortement aggravée, sa vie était semblait-il en danger, nous avons été emmenées toutes les deux dans une maison de repos, les six autres enfants avaient été placés chez des voisins, des tantes ou parrains-marraines. Moments difficiles pour tous! Il est vrai que les dernières naissances ont mis à rude épreuve la santé de maman et qu’elle a traversé des moments plus que critiques, mais chaque fois, elle en est sortie plus reconnaissante et forte dans sa foi. Mon père comme ma mère étaient taillés dans ces bois durs au coeur tendre, résistants aux rudesses du temps, ne perdant rien de leur noblesse et de leur grandeur d’âme! La douceur de leur coeur, s’ils ne pouvaient pas la manifester directement, se lisait constamment sur leur visage ou tout au fond de leur regard.

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Rencontre inattendue.

Les enfants grandissaient, la vie s’organisait, les aînées ayant leurs tâches à accomplir pour seconder maman!
Un jour, sonna à la porte, une dame inconnue de ma mère. Une femme vêtue d’une longue et élégante robe, d’un grand chapeau, une femme belle et troublante. Elle demanda à maman si elle était bien l’épouse de Gérard, puis se présenta : « Je suis sa maman! » Ma mère en resta bouche bée! Voilà bien là une rencontre inattendue! Sa belle-mère? Elle se sentit soudain bien chancelante….En un éclair elle pensa: « Si au moins elle avait prévenu de son arrivée, je m’y serais préparée, je ne suis pas tellement présentable pour une première rencontre » ….  Reprenant ses esprits elle lui dit: « Vous auriez dû nous avertir, Gérard n’est pas là, mais je vous en prie entrez! Je suis Marie-Louise, bienvenue! Je suis bien contente de faire votre connaissance! » Ce fut la première rencontre, et entre ces deux femmes se tissa un lien merveilleux!
Notre grand-mère avait eu une vie bien difficile depuis la séparation d’avec ses enfants. Elle avait traversé de grands tourments, connu la misère, la faim, le froid. Avait dû trouver un emploi, pas facile en ce temps-là pour une femme divorcée, privée de presque tous ses enfants, sauf un, Joseph, qui avait un léger retard de développement. Il n’était pas simplet, il était simple, gentil, bon. Je ne sais pas à quel moment Joseph a rejoint sa mère, mais à cette époque-là il vivait avec elle à Bienne, dans les combles d’une maison. Il avait une chambre et ma grand-mère une autre. Ils se débrouillaient tous les deux comme ils pouvaient! Notre grand-mère avait besoin de connaître la famille de son fils et surtout de renouer un lien avec lui! C’est une belle-fille chaleureuse et attentive qu’elle rencontra ce jour-là, elle lui ouvrait la porte de sa maison et de son coeur. Elle était le « maillon » qui lui permettrait de renouer avec son fils tant aimé!
C’est ainsi que débutait une nouvelle tranche de vie pour mes parents et leur famille grandissante. Une grand-mère faisait son entrée bienvenue et reprenait sa place dans cette saga! Quel bonheur!
Au fil des rencontres, ces deux femmes ont partagé bien des confidences, se sont racontées, confiées l’une à l’autre. il arrivait parfois que papa évite le regard de sa maman, comme s’il lui était difficile d’entendre ces souvenirs douloureux d’enfant. Mais sa mère, il l’aimait! Je crois qu’il était soulagé finalement, et rassuré aussi de savoir que sa mère et sa femme s’entendaient si bien. C’était aussi pour maman, une présence à ses côtés, un appuis. Et pour les enfants, quelle joie de les connaître, cette grand-mère et cet oncle Joseph! Lui qui aimait chanter, jouer au loup, faire rire les enfants et jouer en forêt! En hiver, il faisait du patin à glace avec les filles. Il faut se rappeler que c’était dans les années 1950 – 1960, les patins… c’étaient des patins à vis, fixés sur les chaussures et comme ils ne tenaient pas trop bien, oncle Joseph les attachait avec des ficelles! Mes soeurs étaient mortes de honte lors de leur première sortie! Leurs copines trouvaient cela très drôle et finalement, il riait tellement oncle Joseph, jouant, insouciant de son « look » que mes soeurs en oublièrent leur honte et se laissèrent transportées par sa joie de vivre et sa bonne humeur! Elles connurent des moments inoubliables avec lui! Il partageait ce que notre papa ne pouvait faire et cela apportait de la sérénité à tous!
Maman aimait les voir à la maison tous les deux! Elle avait une grande confiance en cet oncle Joseph. Il était une aide précieuse, non seulement il s’occupait des aînées, mais il l’aidait beaucoup dans ses tâches ménagères.

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