La famille

Avec l’arrivée de leur premier bébé, la vie de mes parents, comme celle de tous les parents du monde, prenait un sens nouveau! Débutait leur apprentissage de parents et s’ouvrait une porte : celle de la famille! Leur famille.
Avant leur mariage, mes parents avaient posés les bases nécessaires pour pouvoir s’engager en toute confiance. Ma mère avait eu besoin de savoir et d’entendre si mon père était prêt à la garder même si elle devait, un jour, venir très malade.  Cette question ne se posait même pas pour mon père! Il ne reculerait devant rien! Elle pouvait être tranquillisée. Pour mon père ce qui importait le plus était de pouvoir offrir à leurs enfants un foyer uni et aimant! Ces bases établies, ils s’étaient engagés avec une foi et une confiance absolues. Voici donc que prenait forme cette famille tant souhaitée! Ils se sont investis corps et âme, pour réussir si bellement ce qui était si cher à leurs yeux et à leurs coeurs.Ils ont unis tous leurs efforts à la cohésion de leurs actes!
Les difficultés rencontrées durant la période d’après-guerre, étaient bien différentes à vivre que celles que nous rencontrons aujourd’hui. En ce temps il fallait assurer le minimum vital, aujourd’hui les préoccupations sont différentes. Il faut assurer le superflu! Quel changement!
Chaque famille avait l’obligation de cultiver un lopin de terre pour s’assurer au minimum des pommes-de-terre! Mes parents, comme bien d’ autres, ont dû faire preuve d’ingéniosité parfois pour finir le mois! Mais ils étaient heureux! Jamais les difficultés ne les ont séparés, au contraire! Ils affrontaient toute situation ensemble pour réussir ce à quoi ils s’étaient engagés! Ce bébé était le joyau qu’ils chérissaient! Ma mère avait une fibre particulièrement maternelle et aimante. Elle remerciait encore et encore pour cette famille qui déjà promettait de s’agrandir…. six mois après la naissance de ce premier bébé, un deuxième enfant s’annonçait! Les occupations ne manquaient pas.
Je ne sais plus à quel moment mon père a arrêté le travail aux champs pour se consacrer à la livraison du charbon. Il était toujours employé par la Coop. Cette nouvelle fonction lui permettait de gagner un peu plus d’argent, ce qui était bien venu! Il livrait le charbon dans pratiquement toutes les maisons du village. Il charriait les sacs de 50 kilos du train dans son camion, du camion à la cave ou au galetas des gens. Chaque sac était porté plusieurs fois avant d’arriver à sa juste place! Je ne sais combien de tonnes son dos a porté! Il ne comptait pas les efforts, ni ne se laissait impressionner par le pénible des situations. Il était content et heureux! Il avait du travail et de quoi nourrir sa famille. Il avait TOUT ce dont il avait besoin! Cette attitude et aptitude a pouvoir trouver satisfaction et plaisir a accomplir toute tâche le caractérisait, et cela m’a toujours beaucoup touchée. Il était serviable et particulièrement bienveillant avec les personnes âgées. Il les tenait en grande estime! Sa gentillesse touchait le coeur des gens. Il était un porteur de charbon, noirci de poussière, et pourtant il apportait la lumière dans les coeurs et son visage rayonnait! Il n’a jamais lu de livre, jamais pratiqué la méditation, jamais suivi de séminaire, ne s’est pas soucié de prendre du temps libre pour lui et s’adonner au développement personnel, non, rien de tout cela, et pourtant il avait l’âme pure et le regard limpide, la poignée de main ferme et franche. Il pouvait regarder les gens en face et pénétrer leur regard en toute sérénité. Il était un père  et un mari aimant. Il est vrai qu’il n’avait pas beaucoup de temps à passer avec son enfant et sa femme, mais quand il était là, il était présent!
Ce bébé grandissait, progressait, était la fierté de ses deux parents! Chacun avait trouvé sa place dans cette nouvelle structure. Les mois passaient, la nouvelle grossesse avançait il fallait s’organiser pour cette venue. La grande devait être propre le plus vite possible, c’était en 1947, les langes se lavaient à la main!!!

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A ma mère

Je ne peux m’empêcher de faire une entorse à la chronologie du récit… Mais les souvenirs vont de pair avec la saison et je tiens à rendre aujourd’hui un hommage à ma mère qui fut si douce et aimante et qui avait une patience infinie avec les tout petits! En tant que dernière de la famille, je ne me souviens que du regard que je la voyais poser sur nos enfants, et ses arrières-petits-enfants. Quand je percevais cette bienveillance et l’amour qu’elle déposais ainsi sur eux, je me disais que nous avions vraiment beaucoup de chance de l’avoir eue pour maman, parce qu’elle avait  forcément posé ce même regard sur chacun de ses enfants!  Maman, un Grand Merci!
C’est l’automne, avec sa palette de couleurs chatoyantes, ses brumes, ses pluies torrentielles, ses lumières mystérieuses et surtout ses tapis de feuilles mortes! Quand je marche dans la forêt quelque soit le temps, je ne peux m’empêcher de traîner les pieds dans les feuilles, comme nous le faisions avec toi! Aussi loin que je puisse me souvenir, je retrouve cette joie inscrite sur ton visage et ce rayonnement dans tes yeux, alors que nous marchions dans les feuilles mortes. Ca fait déjà bien des automnes que tu nous as quittés et pourtant ta présence à mes côtés, je la ressens si fort !
Tu es partie en nous laissant une douceur au coeur et dans le regard, à tel point que quand je regarde mes petits-enfants, il m’arrive parfois de ressentir que c’est la douceur de ton regard qui est posée sur eux, à travers mes yeux, et cela me remplit de joie et me bouleverse tout à la fois! Cette chaleur que tu nous as si généreusement donnée, transmise, elle me fait du bien encore aujourd’hui, quand bien même je suis moi-même grand-mère! Il n’y a pas d’âge pour se sentir l’enfant bien-aimé de ses parents… comme il n’y a pas d’âge pour poser un regard aimant sur ses enfants et petits-enfants ….. Merci de tant d’Amour reçu et de tant de Beauté regardée.

Musique d’accompagnement

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