Au Buisson Gallant

Après avoir quitté les Franches.Montagnes mon père était donc descendu dans la vallée, à Courtemelon, à l’école d’agriculture. Il y resta quelques temps, jusqu’au jour où un paysan était venu demander s’il y avait un homme de confiance et bon travailleur parmi ces jeunes gens pour s’occuper de sa ferme. Quand il avait été proposé, mon père en avait été tout surpris et heureux! Il n’avait pas fallu longtemps aux dirigeants de Courtemelon pour savoir quel genre d’homme était mon père! Travailleur, honnête, digne de confiance, il savait ce qu’il y avait à faire et l’accomplissait avec plaisir et à la perfection! Il était l’élément sûr pour Monsieur Studer!
C’est donc ainsi qu’il partit en Ajoie, au « Buisson Galland », c’était le nom du domaine de ce paysan. Quand ils arrivèrent, le patron lui demanda de ranger un tas de bois et de venir lui dire quand il en aurait fini de cette tâche, bien conscient qu’il n’en n’aurait pas terminé de si vite. Mon père effectua son travail avec soin et rapidité, et vint, dans l’après.midi, rejoindre son patron lui disant: « Voilà, c’est fini, qu’est-ce que je peux faire maintenant? » L’homme n’en croyait pas ses yeux ni ses oreilles! Il avait terminé d’empiler tout le bois? ça lui paraissait impossible! il partit contrôler le travail effectué par mon père et quand il vit la manière dont il l’avait rangé il sut qu’il pourrait lui confier les rênes de son domaine. Pour sa part il travaillait à Bâle dans une grande entreprise. Il lui confia donc la responsabilité du travail de la ferme. Il serait responsable des écuries et devrait veiller à ce que le travail soit effectué avec soin par tous les « garçons d’écurie ». La chance lui souriait!
Au Buisson Gallant, il trouva une nouvelle vie de famille. La femme du patron était une femme chaleureuse et généreuse. Combien de fois mon père ne l’a-t-il pas aidée dans ses tâches tant il était reconnaissant! Il cherchait les légumes au jardin, débarrassait la table, jouait avec les enfants. C’est même avec lui que la fille aînée de ses patrons avait fait ses premiers pas! Il était aimé de tous!
Mon père avait un lien particulier avec les animaux, les vaches comme les chevaux! Lui seul pouvait passer le licou à une certaine jument. Même le patron ne comprenait pas comment c’était possible! Quel était son secret? Personne d’autre que lui, ne pouvait en faire façon de cette jument! Il lui parlait et ne rencontrait aucune difficulté. Son expérience d’enfant avec le bétail lui a servi toute sa vie.
Le temps passait, le moment du service militaire arriva, il fit son école de recrue, revenant à la ferme durant ses congés. Puis il quitta cette famille, retourna à Courtemelon pour effectuer les labours.
Ce qu’il a vécut au Buisson Gallant, la simplicité de la confiance témoignée, l’amitié qui s’est tissée entre eux, la générosité rencontrée et partagée, tout cela l’a accompagné toute sa vie, jusqu’à sa mort!
Ils s’appréciaient mutuellement et quand il épousa notre maman, elle leur fut présentée et elle aussi, y fut accueillie comme une amie! Mes parents ont pu compter sur cette famille durant les passages difficiles de santé de ma mère. La simplicité de leur relation en a fait une force! Après le décès de Monsieur Studer, mes parents continuèrent d’entretenir les liens d’amitiés avec Madame. Chaque année, mon père allait lui souhaiter un joyeux anniversaire!!! Elle mourut quelques mois avant mon père.
Il était reconnaissant de la chance qui lui avait été offerte!

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