C’était la mob.

En 1939 mon père est entré à l’école de recrue bien qu’il n’avait pas encore 20 ans révolus! Il y passa son permis de camion, détail qui aura son importance par la suite. Après avoir accompli cette première « étape militaire », l’armée annonça qu’elle engageait des volontaires pour une opération spéciale: chauffeur de chars à Thun! Opportunité attrayante pour mon père! Une centaine de jeunes gens se présentèrent et mon père devint le plus jeune chauffeur de chars de Suisse! Il était fier et se fit un honneur de servir ainsi l’armée. C’était la mob, la vie n’était facile pour personne, mais lui, était content et accomplissait sa nouvelle tâche avec enthousiasme et dévouement. Toutes les étapes de sa vie, il les a vécues avec contentement et gratitude. Il était un homme humble, discret, qui ne parlait pas beaucoup, qui écoutait et respectait ses semblables. Quand il s’engageait pour quelque chose, il s’engageait! Il assumait l’engagement! Quel que soit le prix! Il disait toujours que toute situation est riche d’enseignements! Qu’il y avait toujours quelque chose à apprendre. Il a appris beaucoup durant ce temps de guerre et cette époque en tant que chauffeur de chars: Il y est resté une année et ça lui a laissé un souvenir très fort et très présent. J’aimais l’écouter raconter ce temps et ses expériences.
Il y avait l’armée, certes, avec ses difficultés, ses exigences, ses restrictions et il y avait en parallèle, les retrouvailles avec deux de ses soeurs qui vivaient à Thun. Pendant ses moments de libre, il les visitait, leur apportait des biscuits militaires, partageait sa solde avec elles et était bien content de les côtoyer, ces soeurs  qu’il ne connaissait pas finalement! Il les avaient revues seulement après avoir quitté le paysan chez qui il avait vécu jusqu’à 17-18 ans!
C’était la mob, oui, et il y trouvait du bonheur à vivre! Des moments simples qui se sont gravés dans son esprit!
Après avoir accompli son temps à l’armée, il retourna travailler aux champs…. avec les chevaux d’abord, puis il devint le premier chauffeur de tracteur dans la région!!! Ce fut surtout l’époque où il rencontra sa douce, notre maman. Son coeur avait été touché par la flèche de Cupidon! Il était entouré d’une nouvelle famille… La chance était encore au rendez-vous! Puis il fut envoyé par l’Ecole d’agriculture, à Tramelan pour y labourer…. avec un tracteur! Et une nouvelle vie s’ouvrait à lui!

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3 réflexions sur « C’était la mob. »

  1. C’est superbement bien écrit, je me suis laissé prendre jusqu’au bout !
    J’ai un souvenir de Thun où je suis passée et où nous avons fait une
    traversée sur le lac jusqu’à Spitz par certaine de l’orthographe ! Très
    beau coin , c’était en 1958 !
    Il y avait 2 militaires dans le wagon du train qui allait sur Berne , ces
    garçons étaient tout heureux de rentrer chez eux avec un énorme bardas
    et leurs carabines à l’épaule ! Nous avions échangé quelques mots car
    moi j’étais avec un groupe de colonie de vacances !
    Les voilà qui descendent du train et les portes se sont refermées assez
    rapidement mais un des deux avait son arme coincée ! Le train a démarré
    et le temps que nous tirions la sonnette d’alarme il est tombé et a passé
    sous le train ! Nous étions choquées toutes ! De suite il y a eu des secours ,
    le garde est passé pour baisser les stores !!! Puis quand il fut évacué sur
    la civière le train a pu repartir mais jamais je n’ai oublié ce jeune homme !
    A l’époque , je crois qu’ils rentraient chez eux avec leur arme !
    Je ne sais pas si cela existe encore mais je sais que malgré mon jeune âge
    j’ai fais la réflexion pourquoi emmener ça chez soi quand le temps de l’armée est terminé ? Voilà une petite anecdote, pas très heureuse , que j’ai gardé en
    mémoire !
    Très bonne journée Shemsi !
    de Christiane Deschrijver en Belgique !

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